Le compte à rebours final
Devant le miroir de sa chambre, Cassandra réajusta sa longue
robe rouge et resserra son bandeau avant de se regarder sous toutes les
coutures comme elle avait vu les grandes personnes le faire. Elle virevolta sur
elle-même en écartant les bras. Elle admira sa longue chevelure lisse et blonde
se lever sous l’effet de la rotation avant de s’arrêter et de vérifier une
dernière fois son apparence, ses yeux bleus scrutant son reflet à la recherche
d’une éventuelle imperfection. En cette occasion si chère à ses yeux, elle se
trouva jolie. Au moins aussi jolie que les princesses des contes de fée qu’elle
avait tout particulièrement pris en modèle. Bien sûr, du haut de ses six ans,
elle n’avait pas encore de prince charmant et ne comprenait d’ailleurs pas
encore très bien cette notion de « charme ». Mais elle n’était pas
moins attirée pour autant par ce magnifique univers où toutes les choses les
plus merveilleuses arrivaient toujours à la fin de l’histoire. Prête, elle
quitta la chambre sans adresser un seul regard à son frère qui enfilait son
pantalon, telle une véritable princesse qui ne daignait pas regarder son petit
personnel, et alla rejoindre la chambre de ses parents. Une fois aux côtés de
sa mère, elle lui prit la main et la tira vers elle.
— Alors ? Alors ? Vous êtes prêts ? demanda la
jeune fille.
— Pas encore, non, répondit la mère.
— Mais on va être en retard si on traîne !
— Nous serons chez ta grand-mère à l’heure. Maintenant va dire à
ton frère qu’il se dépêche. Nous partons dans dix minutes.
Cassandra souffla exagérément fort afin de témoigner avec
fermeté de son mécontentement avant de retourner vers la chambre de son frère
sous le regard attendri de sa mère et amusé de son père.
— « Nous ne pouvons pas avoir juste un seul enfant, j’ai
été seule toute ma vie, crois-moi, il voudra quelqu’un à ses côtés plus tard
lorsque nous ne serons plus là… ». Tu parles, encore une de tes brillantes
idées, taquina le père.
— Comme si tu avais été contre.
— Moi, madame, j’obéis au moindre de vos caprices. Vous décidez,
je m’exécute.
— Encore ce fameux discours faussement féministe ?
— Mais pas du tout ! Après tout, ce que femme veut, Dieu le
veut.
— Disons plutôt que tous les prétextes étaient bons pour que tu
viennes me faire la cour à cette époque, non ?
— A cette époque ? reprit le mari. T’y va fort, non ? Je
sens encore toute la fougue de la jeunesse en moi, déclara fièrement le père.
— Il n’empêche qu’une nouvelle année s’achève, confia la mère
avant de se retourner vers sa mallette à bijoux.
Jean-Pierre, qui venait de comprendre où Pénélope voulait en
venir, la rejoignit avant de la prendre dans ses bras.
— Nous les avons faits tard ? La belle affaire ! Il y
en a beaucoup d’autres dans cette situation qui s’en sortent très bien. Ne t’en
fais pas va, nous sommes loin d’avoir notre premier pied dans la tombe. Tiens, en parlant de tombe, comment va la belle-maman ?
— Oh Jean-Pierre… tu m’avais promis ! Pas ce soir !
— « Le soir » n’est pas encore là, fit le mari
toujours aussi amusé tout en donnant une petite tape sur la fesse gauche de son
épouse. Tout ira bien, je serai sage, chérie. Ce soir, c’est la fête !
lança le père d’un air sincèrement enjoué.
— Alors, alors, comment vous me trouvez ? demanda Cassandra
qui venait de débouler une nouvelle fois dans la chambre comme un ouragan.
— Tu n’as pas besoin de couronne, fit la mère.
— Oh s’il te plait ! Je ne la casserai pas !
— Là n’est pas la question. Tu dois être bien habillée et non
déguisée. Alors repose cette couronne, s’il te plait.
Cassandra repartit tout aussi vite poser la couronne dans la
chambre.
— Cette fille est une vraie pile électrique, confia Jean-Pierre.
Toujours à courir partout.
— Vous êtes prêts ? cria la petite fille depuis sa chambre.
— Demande à ta mère !
— Ta mère est prête, fit Pénélope. Et ton frère ?
— Aussi, cria à nouveau Cassandra.
— Alors c’est parti, conclut le père, la belle-maman nous
attend ! Enfin… belle, belle, c’est un bien grand mot ! fit-il à voix
basse mais volontairement suffisamment fort pour que son épouse l’entende.
— Oh, Jean-Pierre…
Une fois dans la voiture, le père de famille choisit de mettre l’album
« London calling » du groupe « The Clash » tandis que
Pénélope terminait de se maquiller tout en gardant un œil sur la route afin de
s’arrêter à la moindre bosse. Cassandra, aux côtés de son frère, ne tenait plus
en place et interrogeait continuellement ses parents sur les modalités de la
soirée qui l’attendait.
Arrivée devant la maison où l’intégralité de la famille était attendue,
Cassandra descendit immédiatement de voiture, claqua la portière et courut vers
la grande porte en bois de la maison de sa grand-mère avant d’y frapper de
toutes ses forces.
— Allons, calme-toi, tenta d’intervenir sa mère qui venait de la
rejoindre.
En vain, la petite fille venait de s’engouffrer dans la maison sans
même se retourner.
— Excuse-la, maman. Elle est toute excitée depuis ce matin,
ajouta Pénélope en rejoignant le perron.
— C’est déjà la troisième gamine que je vois dans cet état. La
soirée va promettre, fit la grand-mère de Cassandra tout en faisant la bise à
sa fille.
— Ou…oui, je suppose, se contenta de répondre Pénélope qui ne
voulait pas se confronter à sa mère dès son arrivée.
— Tiens mais c’est la très belle-maman ! lança Jean-Pierre
qui venait de fermer la voiture et de rejoindre le reste de la famille.
— Bonsoir. Comment… comment allez-vous ? demanda la
grand-mère avec un désintérêt marqué.
— Une formule de politesse ? Ahhhh, je reconnais bien là toute
la magie de Noël ! Il n’y a que Noël pour nous geler les couilles et
réchauffer nos cœurs en même temps. Il ne faut pas vous forcer, vous savez.
Vous allez finir par faire reculer le côté obscur qui est en vous. Vous n’allez
pas nous faire ça, tout de même ?
— Tu vois ? J’ai essayé ! Il se fout ouvertement de ma
gueule ! Que je sois honnête ou que je fasse un effort, c’est du pareil au
même. Tu ne peux pas le nier ! explosa la grand-mère en se tournant vers
sa fille. Tu as épousé un crétin ! Aucune classe, aucun charisme, aucun
revenu ! Un branleur de première !
— Je vous l’ai déjà dit très belle-maman, soupira Jean-Pierre. Je
suis un artiste. Je travaille à la maison. Mais je me doute bien que toutes ces
notions d’art et de recherche de soi vous dépassent totalement. Vous préférez
chercher les autres.
— Oh…
— Oui, je sais, oh Jean-Pierre, reprit immédiatement le mari qui
avait anticipé la réponse de sa femme. Ta mère est peut-être dégoûtée de s’être
fait tirer pour la dernière fois lorsque la
Moselle était encore allemande, mais ce n’est pas une raison pour faire chier
les autres. Bien sûr, je ne dis pas cela contre vous, très belle-maman,
ajouta-t-il à voix basse en se tournant vers cette dernière. Bref, Jean-Pierre
en a déjà plein le dos et va rejoindre le buffet.
Sur ces mots, Jean-Pierre fit une révérence clairement exagérée
à Nathalie, la maîtresse de maison, avant de rejoindre le salon. Cette dernière
serra fortement le manteau que son gendre lui avait tendu pour se retenir de
faire un scandale. Elle l’avait décidé, elle n’allait pas avoir encore une fois
le mauvais rôle ce soir. Alors que Pénélope rejoignait le reste de la famille,
sa mère se rendit dans la chambre où s’entassaient les manteaux des invités.
Elle déposa avec précaution la veste de sa fille sur une chaise et jeta
négligemment celle de son gendre à l’autre bout de la pièce. Devant le miroir, elle remit l’une de
ses mèches blondes quoique grisonnante sur le côté de son visage avant de replacer
pour la troisième fois déjà son bracelet de diamant en bout de poignet afin
qu’il ne soit pas caché par sa manche. Prête, elle rejoignit alors la cuisine
où les femmes de la famille étaient en train de préparer le futur festin tandis
que les hommes, eux, discutaient principalement de voiture et d’argent dans le
salon. Jean-Pierre aussi passait du bon temps notamment avec ses deux
beaux-frères. Quelques années plus tôt encore, il serait resté un peu à
l’écart, mal à l’aise parce qu’ils ne venaient pas du même milieu. Mais par
chance, Carl et Eric avaient pu trouver en Jean-Pierre une sincérité qui leur était
jusqu’alors inconnu. Et depuis, au fils des mois, les regards hautains
s’étaient changés en intérêt, en respect puis en une réelle affection. En cet
instant précis, les trois hommes parlaient des signes astrologiques et de leurs
différentes croyances vis-à-vis des prévisions quotidiennes faîtes un peu
partout dans les médias.
— Moi, je ne crois pas à toutes ces conneries, fit Eric.
— Au vu de ton signe astrologique, le contraire m’aurait
étonné, répondit Carl. Toi et tous ceux de ton signe êtes connus pour être…
— Ça va, ça va, on a compris, coupa Eric qui ne voulait pas d’un
cours sur le sujet.
Non loin de là, dans une pièce adjacente, Tiffany, Marine et
Sabine, les cousines de Cassandra, jouaient à la poupée tandis que de l’autre
côté de la pièce, Johan et Jonathan s’acharnaient sur leur console. Cassandra
était restée seule. Elle n’arrivait pas à passer cinq minutes à jouer sur le
même jeu, trop surexcitée pour rester en place. Elle faisait des allers-retours
incessants entre la salle où étaient ses cousines et le salon. Tantôt pour voir
à quoi jouaient les fillettes, tantôt pour demander dans combien de temps le
Père Noël arrivait ou manger quelques
bretzels. Car même si elle aimait passer du temps avec ses cousines, ce soir, Cassandra
était obnubilée par autre chose : les cadeaux à venir.
L’apéritif achevé, les membres de la famille se rassemblèrent
enfin autour de la grande table magnifiquement dressée pour l’occasion. Là,
Nathalie s’assit en bout de table, sa place attitrée depuis qu’elle avait divorcé.
Elle réajusta son bracelet au bout de son poignet et se mêla tout naturellement
à la première conversation qui l’inspirait, pressée de donner son avis sur un
quelconque sujet, aussi peu digne d’intérêt eut-il été. Et alors que
Jean-Pierre ricanait en voyant la vieille femme tenter de mettre maladroitement
son bijou sous le nez de ses convives, Pénélope, avec l’aide de ses deux sœurs,
servit les entrées. Immédiatement, Cassandra fit une grimace.
— Et tu as intérêt à manger toute ton assiette.
— J’aime pas le jambon et les fruits de mer.
— Peut-être que si tu n’avais pas mangé autant de cochonneries à
l’apéritif, ton assiette t’aurait donné un peu plus envie ! répondit
Pénélope tout en prenant place aux côtés de Jean-Pierre.
— Le Père Noël arrive bientôt ?
— A minuit, je te l’ai déjà dit. Mais je…
— C’est dans combien de temps, minuit ?
— Lorsque la petite aiguille et la grande aiguille seront sur le
douze.
— Tout ça ?! cria Cassandra tout en sautant de sa chaise.
— Eh oui… Mais il viendra peut-être avant si tu finis ton
assiette. Et arrête de gesticuler et de crier comme ça, on se tient
correctement à table ! Tu ne voudrais pas que grand-mère te gronde quand
même ?
— Grand-mère me gronde tout le temps de toute façon.
— Moi aussi elle me gronde tout le temps, chuchota Jean-Pierre
dans l’oreille de sa fille qui plaça ses mains sur la bouche pour ne pas rire trop
fort.
— Vous savez, dit Christine, l’une des sœurs de Pénélope, j’y ai
réfléchis lorsque je voyais courir Cassandra partout. Vous ne vous êtes jamais
demandé si elle n’était pas un peu hyperactive ?
— Cela compenserait la passivité et la fainéantise du père,
laissa échapper Nathalie malgré elle.
Jean-Pierre sentit alors une main chaude presser fortement sa
cuisse. C’était sa femme qui le regardait avec des yeux presque implorants.
Jean-Pierre regarda tour à tour Pénélope et Nathalie puis se resservit un verre
de vin. Peu de temps après, les discussions reprirent normalement comme s’il
n’y avait pas eu d’incident.
— Nous avions été voir un médecin l’année dernière, reprit
Pénélope. Il n’y avait pas de signe d’hyperactivité. Il en était venu à la
conclusion que notre fille était tout simplement pleine de vie et qu’elle avait
beaucoup d’énergie à dépenser mais que c’était plus caractéristique d’une enfant
heureuse et en bonne santé plutôt que d’une quelconque hyperactivité.
— Pour avoir de l’énergie, elle en a, je ne sais pas où elle va
chercher de telles ressources ! Parce que ce n’est pas uniquement le fait
que ce soir soit celui de Noël, n’est-ce pas ? Elle a toujours été aussi agitée,
non ?
— C’est beaucoup de travail et je me suis déjà demandé comment
font les parents d’enfants véritablement hyperactifs. Mais bon, il vaut mieux
voir sa fille courir partout plutôt que constamment malade. Et il est vrai qu’à
ce niveau-là, nous sommes plutôt gâtés. Elle n’a jamais attrapé le moindre
microbe.
— Vraiment ? demanda Christine. Moi, je dois emmener
Tiffany chez le médecin au moins une fois par mois.
— Nous aussi, ajouta Carl, le père de Sabine.
— Jean-Pierre et moi sommes vraiment tranquilles à ce niveau-là.
Autant nous devons emmener son frère de temps en temps chez le médecin autant
nous n’avons jamais eu à nous déplacer pour Cassandra. Une vraie force de la
nature.
Les discussions continuèrent de plus belle et tout se passait
pour le mieux. Et, preuve que c’était Noël, chaque enfant avait terminé son
assiette.
Aux alentours de onze heures et demi, Jean-Pierre se leva de
table, sortit une cigarette de son étui et alla l’allumer à une fenêtre, à
l’écart du reste du groupe qui était majoritairement non-fumeur. Le regard
plongé dans les étoiles, le père de famille était impatient. Peut-être même
plus impatient que ses deux enfants, car si eux étaient pressés de découvrir ce
que contenaient leurs cadeaux, Jean-Pierre, lui, avait hâte de mettre le
costume de Père Noël qui était dans le coffre de sa voiture et encore plus de
découvrir leurs sourires en voyant ce que Pénélope et lui leur avaient offert.
Mais alors qu’il continuait d’imaginer leurs visages s’éclairer, une voix le
ramena à la réalité.
— Il fait froid et on sent la cigarette jusqu’ici, hurla Nathalie.
— Cela m’étonnerait ! Je me suis mis exprès du côté de la
maison où le vent ne souffle pas !
— Pourtant, moi je sens la fumée de cigarette !
— Et moi je sens que vous cherchez à me faire sortir de mes gonds !
Vous voulez que je parte, c’est ça ?
— Ah non ! Ne me donnez pas le mauvais rôle ! Je vous
demande simplement d’éteindre votre cigarette et de refermer la fenêtre !
— Cette cigarette est tout ce qui me permet de ne pas répondre à
vos attaques incessantes !
— Mes attaques incé… allons donc,
arrêtez de jouer le martyr !
— Et je ne parle même pas de la manière dont vous vous comportez
avec vos petits-enfants ! Vous ne les voyez qu’une fois tous les
tremblements de terre et pourtant, vous ne faîtes rien avec eux, ne profitez
pas d’eux. Vous êtes trop occupée à remettre votre magnifique bracelet. Je ne
sais même pas si vous connaissez leurs prénoms.
— Attention, Jean-Pierre ! Pas les petits enfants ! Je
les aime tous. J’ai dépensé une véritable fortune pour leurs cadeaux, hurla de
plus belle Nathalie.
A cet instant, Jean-Pierre resta bouche bée. Silencieux, il
tourna la tête vers les enfants placés en bout de table. Chacun avait les yeux
grands ouverts.
— C’est… c’est mémé qui achète nos cadeaux ? demanda
Cassandra d’une voix hésitante.
— Quoi ? Je… non… je…
— Ça, je ne vous le pardonnerai jamais, lâcha le père, fou de
rage, avant d’aller dans la chambre prendre son manteau.
— Chéri ! Où tu vas ? demanda Pénélope tout en le
rejoignant en courant.
— Cette sorcière qui te sert de mère, je ne veux plus jamais la
revoir, tu m’entends ? Plus jamais ! C’est dégueulasse ! Comment
une conne pareille peut-elle être ta mère !
— Attends !
Mais le mari avait déjà refermé la porte d’entrée. Pénélope
resta un temps immobile avant de retourner à table. Nathalie, honteuse,
baissa les yeux, consciente qu’à cet instant tous les regards venaient de se
tourner vers elle. Des regards frustrés pour certains, de colère pour d’autres.
— Je… je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris, fit
Nathalie.
— Tu peux être fière de toi, commenta Carl tout en foudroyant du
regard sa mère.
— Ça m’a échappé !
— Mais il y a toujours quelque chose qui t’échappe, bon sang, s’énerva
Carl avant de se lever.
— Où tu vas ? C’est Noël !
— Ne t’avise pas de jouer la carte de la famille maintenant. C’est
trop tard ! Je reviendrai à minuit pour l’ouverture des cadeaux de ma
fille. Des cadeaux que pour la plupart TU as achetés. Rappelons-le parce que je
ne suis pas sûr qu’ils aient tous bien entendu.
Sur ces mots, Carl quitta à son tour la pièce et claqua
violemment la porte derrière lui. Dans le jardin, il rejoignit Jean-Pierre qui
venait de s’allumer une nouvelle cigarette. Le reste de la famille avait passé les
derniers instants avant la remise des cadeaux dans le silence le plus complet.
A l’heure dite, les cadeaux furent placés sur la table en face des
enfants encore sous le choc tandis que les deux hommes revinrent prendre place aux
côtés de leurs épouses. Seule la grand-mère était restée dans son coin, un nœud
à la gorge et avec l’envie de quitter la pièce sans se retourner pour ne plus
sentir les quelques regards accusateurs qui persistaient encore à venir se
poser sur elle de temps à autre.
Lorsque vint le tour de Cassandra d’ouvrir les cadeaux, celle-ci
se mit à sourire et simula une gaieté abusive, comme si elle avait conscience,
malgré son jeune âge, que la déception de ses parents était bien plus grande
que la sienne. Elle découvrit tour à tour des poupées, une dînette le DVD du
dernier Walt Disney, ainsi que deux nouveaux jeux pour sa console portable.
Elle fit un immense sourire final lorsqu’elle ouvrit le cadeau de ses parents
et découvrit un vélo. Elle prit soin de répéter une demi-douzaine de fois
combien elle était contente. Cassandra prit alors l’une de ses nouvelles
poupées et s’apprêta à s’écarter du bout de la table pour laisser place à l’un
de ses cousins lorsqu’on la rappela. C’était Christine qui venait d’annoncer
qu’il restait un cadeau, celui de l’oncle Samuel.
— C’est qui l’oncle Samuel ? demanda Cassandra.
— C’est le frère de ta grand-mère, fit Pénélope en s’approchant
de sa fille. C’est mon tonton et donc ton grand-tonton, un homme robuste, très,
très gentil et qui vous aime tous beaucoup. Mais il n’a pas pu venir parce qu’il
est très malade en ce moment. Tu comprends, il n’est plus tout jeune
maintenant.
— Oh…
Cassandra prit le paquet que lui tendit sa tante et le déballa.
C’était une boîte en bois quelconque qui n’avait ni décoration, ni inscription.
A l’intérieur, elle découvrit un bijou. Un bracelet blanc sans aucune
décoration non plus. La jeune fille le regarda sous tous les angles pour voir
quels secrets pouvaient renfermer l’objet mais dut bientôt se rendre à l’évidence. Ce n’était pas un jouet mais un simple bracelet.
Elle le passa négligemment à son poignet, déçue de ne pas avoir eu quelque
chose de plus « amusant ». Elle reprit sa nouvelle poupée avant de
quitter la table, toujours avec ce sentiment de grande perte qui persistait
depuis qu’elle avait compris que le Père Noël n’existait pas.
Mais un petit quart d’heure plus tard, alors que son frère venait
de finir de déballer ses cadeaux, Cassandra se mit à tousser. Tout d’abord
quelques fois puis à n’en plus finir, comme si elle n’arrivait plus à respirer.
Pénélope et Jean-Pierre réagirent immédiatement et la rejoignirent pour voir ce
qui n’allait pas. Cassandra venait de tomber, inconsciente.
Du sang se mit à couler de son œil droit.
Voilà pour la première partie de cette petite fiction qui se composera de 20 chapitres. Je vous retrouve très bientôt pour la suite !